top of page

Le kendo : la voie du sabre

   Le kendo est une forme d'escrime au sabre à deux mains où, grâce à l'emploi de matériel adapté (arme en bambou, armure de protection), les assauts sont menés de façon réelle.

   Il existe également une pratique à deux sabres appelée nito (二刀), héritière de l'école à deux sabres (Hyoho Niten Ichi Ryu), attribuée à Miyamoto Musashi.

 

   Les pratiquants sont appelés kenshi (剣士) ou plus rarement kendoka.

 

   Le kendo est pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes, les entraînements (appelés keiko, 稽古) étant généralement communs. Des compétitions féminines sont organisées, mais il n'est pas rare de constituer des équipes mixtes lors de championnats.

   Grâce aux protections et à l'absence de contact physique violent et de chutes, le kendo peut se pratiquer à partir de 5 ou 6 ans et jusqu'à plus de 80 ans.

 

   Le kendo se pratique dans un dojo (道場) : une salle équipée d'un plancher.

Il n'existe pas de catégorie de poids et les pratiquants ne portent aucun signe extérieur de leur grade.

 

Histoire

 

« Le kendo est la plus ancienne, la plus respectée et la plus populaire des disciplines modernes du Budo » nous indique en 1983 Donn F. Draeger, l'un des spécialistes des arts martiaux japonais .

 

Après une longue période de guerres et l'unification du pays par le Shogun Tokugawa Ieyasu, le Japon entre dans une ère de paix qui durera plus de 260 ans, l' époque d'Edo (1600-1868), au cours de laquelle le kenjutsu qui a perdu en pratique sa finalité sur les champs de bataille prend son essor dans la formation de la caste dirigeante, celle des bushi (ou samouraï). Le kenjutsu est alors l'un des 18 arts martiaux que doit pratiquer le bushi. De nombreux traités sur le sabre sont publiés à cette époque au Japon tel le "Gorin no sho" de Miyamoto Musashi ou le Hagakure de Yamamoto Jocho . De "sabre pour tuer" le kenjutsu évolue vers le "sabre pour vivre" (katsujinken) par l'étude duquel le pratiquant forge sa personnalité. Afin de faciliter la pratique jusque là limitée à des kata au sabre de bois (bokken) ou au sabre réel, Naganuma Shiro développe au début du XVIII e siècle le sabre en bambou ( shinai /shinaï) et différentes protections (bogu) afin d'autoriser des frappes réelles pendant les assauts. Parallèlement à l'amélioration du matériel qui prend la forme définitive que nous lui connaissons aujourd'hui peu avant la fin de l'ère Edo, le kenjutsu évolue vers sa forme moderne, le kendo.

 

A la Restauration de Meiji ( 1868 ), le port du sabre est interdit par décret impérial en 1876, la caste des samouraïs est dissoute et les arts martiaux tombent en désuétude avec l'introduction des techniques militaires occidentales. Les arts martiaux, dont le kenjutsu, renaissent toutefois dès 1878 dans les écoles de police et la première fédération d'arts martiaux, la "Nihon Butokukai" est créée à Kyoto au sein du dojo Butokuden en 1895. C'est à peu près à la même époque, en 1899, qu'est traduit en anglais le livre "Bushido" de Nitobe Inazo (1862-1933) qui contribuera grandement à faire connaitre à l'étranger les arts martiaux Japonais. Jusque là appelé kenjutsu, c'est en 1912 qu'il est fait pour la première fois mention du kendo dans la publication des "Nihon Kendo no Kata" (Kata pour le Kendo). L' Occident découvre le kendo dès le XIX e siècle à travers des récits de voyages. En 1899 , une première démonstration de kendo a lieu en France à l'occasion de la visite du créateur du judo moderne, Kano Jigoro.

 

La défaite du Japon en 1945 porte un coup sévère aux arts martiaux japonais en général et au kendo en particulier, responsables selon l'occupant Américain de véhiculer une idéologie militariste via le Bushido . Le kendo sera d'ailleurs interdit après la guerre, mais sa pratique sportive se poursuivra sous le nom de "compétition au shinai" jusqu'en 1952 date à laquelle se constitue la Fédération Japonaise de Kendo (Zen Nippon Kendo Renmei). A cette occasion, des maîtres sont dépêchés à l'étranger, en France notamment. Citons ici maître Mochizuki Minoru , notamment 4 e dan de kendo. Sous le contrôle de ces maîtres japonais, parfois rivaux, la France commence la pratique du kendo dès le début des années 1950 sous l'égide de la Fédération Française d'Aïkido, Taï-Jitsu et Kendo qui organise le premier championnat de France de kendo en 1959 .

 

En France, le Kendo est apparu en 1956 , pendant une dizaine d'années sa pratique resta confidentielle; à partir de 1967 les premières missions officielles japonaises apportèrent leur aide et des groupes se structurèrent. C'est en 1972 que l'unité se réalisa avec l'entrée du Kendo au sein de la F.F.J.D.A. Le COMITE NATIONAL DE KENDO devenait ainsi, en 1973 "Disciplines Associées" et intégrait avec lui le Naginata, le Iaïdo et le Jodo

La pratique

 

   

 

   La notion fondamentale du kendo est le ki ken tai no itchi (気剣体の一致, « l'esprit, le sabre et le corps en un »?)[N 3] ou kikentai itchi, autrement dit l'unité entre :

  • l'énergie (ki), qui désigne la détermination dans l'assaut. Le ki se manifeste par le kiai, le cri que pousse le combattant lorsqu'il porte une attaque ;

  • le sabre (ken), qui représente le coup porté. Celui-ci doit être délivré avec la partie valable du shinai (datotsu-bu) correctement orienté (le « tranchant » du shinai devant « couper » la partie touchée) sur une partie valable (datotsu-bui) de l'armure de l'adversaire ;

  • le corps (tai) qui désigne l'engagement du corps représenté par une frappe du pied avant au sol qui doit être exécutée dans le même temps que la coupe et le kiai.

 

   Yuko datotsu

    Un coup n'est valable en kendo que lorsque le combattant exécute la frappe avec :

  • du kiai ;

  • de la détermination ;

  • une posture adéquate ;

  • la partie valable de son shinai (datotsu-bu, 打突部) correctement orienté sur une cible valable (datotsu-bui, 打突部位) de l'adversaire ;

  • de la vigilance à la suite de sa frappe (zanshin, 残心).

La frappe valable (yuko datotsu (有効打突)) est sanctionnée par un point (ippon, 一本) en compétition. L'évaluation du ippon par les arbitres est un exercice difficile. C'est pourquoi ces derniers sont au nombre de 3 et doivent être eux-mêmes des pratiquants expérimentés de haut niveau.

     Kiai

   Le kiai est un cri obtenu par une forte expiration ventrale. Il permet de libérer les efforts au moment de l'assaut[N 4].

En kendo, on enseigne aux débutants à crier le nom de la partie visée par la frappe (kote, men, do) pour développer le kiai. Au fil de la progression, le cri sera remplacé par un kiai plus personnel.

Dans les katas, les coups ne sont pas systématiquement accompagnés d'un kiai, mais le dernier coup est traditionnellement accompagné de « Ya ! » (uchidachi) et de « To ! » (shidachi).

    Datotsu-bui

 

   (Les cibles, ou datotsu-bui)

 

   En kendo, par convention pour une pratique sportive, seules certaines parties du corps (appelées datotsu-bui) doivent être touchées pour que le coup soit considéré comme valable.

  

   Les quatre datotsu-bui sont : la tête (men), les poignets (kote), les flancs (dō) et la gorge (tsuki). Certaines de ces datotsu-bui peuvent comprendre une variante à droite (migi), ou à gauche (hidari), également valables, sauf en ce qui concerne le kote où le seul datotsu-bui valable est migi-kote sur un partenaire en garde chudan (migi-kote et hidari-kote sont des frappes valables sur un partenaire en garde jodan).

   Gardes

   Les combattants se font face en tenant le shinai à deux mains (la main droite près de la garde et la main gauche à l'extrémité de la poignée) pointe vers la gorge de l'adversaire. Cette garde fondamentale (appelée chudan no kamae ) permet de frapper en avançant d'un seul pas (issoku itto).

 

   Il existe également d'autres gardes dont une garde haute dans laquelle le pratiquant tient son shinai au dessus de sa tête (jodan no kamae).

 

   Pour la pratique à 2 sabres (nito) le combattant tient un shinai dans chaque main : un long et un court.

Une discipline de l'esprit

 

Le kendo n'est pas qu'une discipline physique. Sa pratique requiert la maîtrise de « kata », (combats codifiés), et de l'étiquette s'appliquant au dojo . Le kendo est un art qui exige une discipline de l'esprit.

 

Le Kata

 

Les kata (aussi appelés kendo no kata ou nihon kendo kata ) sont une synthèse de différentes écoles anciennes. Créés en 1912 par un comité d'experts ils se composent de dix séquences codifiées de combat entre deux partenaires, sept avec le bokken (sabre long) et trois avec un kodachi (sabre court) pour le shidachi .

 

Les kata sont des enchaînements précis de techniques où l'accent est mis sur la qualité et l'authenticité de l'exécution. Les kata sont réalisés par deux personnes sans bogu , sous une forme entièrement codifiée (y compris les saluts). Pour chaque kata, on trouve un maître ( uchidachi ) et un élève ( shidachi ). Le maître donne toujours le premier coup, et l'élève le dernier, ce qui fait de lui le "vainqueur". Cependant, l'objectif du kata n'est pas la victoire mais plutôt l'exécution fluide sans faille des techniques. Pour cette raison, les kata sont très utiles pour se perfectionner dans l'exécution des différentes techniques.

 

L'étiquette

 

"Le kendo commence et se termine par un salut". Cette règle fondamentale enseignée dans tous les dojo souligne l'importance de l'étiquette qui fait totalement partie de la pratique du kendo.

 

Les saluts (en début et fin de cours, en début et fin de combat), la façon de s'aligner dans le dojo, la manière de s'équiper, de tenir le Shinai hors combat etc, font l'objet d'un ensemble de conventions dont l'origine remonte à l'époque des samurai et dont le détail peut quelquefois varier selon les professeurs et les dojo.

 

L'étiquette exprime le respect et la gratitude envers les autres pratiquants et les professeurs, mais aussi envers le dojo et le matériel.

Combats et arbitrage

   Règles générales

 

   Au terme des règles internationales, les combats ou shiai se jouent en trois points maximum (sanbon shobu), sur une durée de cinq minutes à l'intérieur d'une aire de combat (shiai-jo) de 11 m de côté. Le vainqueur est le premier à marquer deux points avant la fin du temps réglementaire, ou celui qui a marqué un point à la fin du temps. En cas d'égalité et en match individuel, une prolongation (encho) a lieu, sans limite de temps, jusqu'à ce qu'un des combattants marque un point[N 9].

  

   Les sorties du shiai-jo, la perte du shinai, les comportements violents ou inadaptés, sont sanctionnés par un avertissement (hansoku). Deux hansoku donnent un point à l'adversaire.

Ces règles générales peuvent être adaptées (notamment la durée) selon les formules de compétition et l'âge des compétiteurs.

   Combat par équipe

 

   En combat par équipe, les match nuls à la fin du temps réglementaire ne donnent pas lieu à prolongation, mais un combat supplémentaire peut avoir lieu entre des représentants des deux équipes à l'issue des combats si les équipes sont à égalité.

   Arbitrage

   En compétition, l'arbitrage est assuré par trois arbitres. L'arbitre tient un drapeau dans chaque main : un drapeau rouge et un drapeau blanc. Chacun des combattants porte attaché au dos un ruban (tasuki) de couleur rouge pour l'un et blanc pour l'autre.

   Un des arbitres est l'arbitre principal, ou arbitre central (shushin), et les deux autres (fukushin) l'assistent. Ils forment à eux trois un triangle autour des deux combattants afin qu'il y ait toujours au moins 2 arbitres qui soient en position pour voir les détails du combat.

   C'est le shushin qui donne les ordres de début et de fin des combats, annonce les points et donne les avertissements.

Pour qu'un point (ippon) soit accordé, deux arbitres au moins doivent lever le drapeau de la couleur du combattant qui a marqué le point.

 

Grades et titres

 

La hiérarchie

 

Il existe 2 classements : un pour les débutants, et un pour les pratiquants confirmés. Pour les débutants, les grades vont du 6 e au 1 er kyu (le plus élevé); pour les confirmés, du 1 er au 8 e dan [ 5 ] .

 

Parallèlement aux "dan" il existe une échelle de titres d'enseignants: "Renshi", "Kyoshi" et "Hanshi", le titre de Hanshi (Maître) étant le plus élevé. Les titres sont délivrés sur examen écrit mais le candidat doit remplir un certain nombre de conditions dont le grade: 6 e dan au moins pour Renshi, 7 e dan pour Kyoshi et 8 e dan pour Hanshi.

 

Les passages de grades

 

Les grades sanctionnent la réussite à un examen comprenant une épreuve écrite (jusqu'au 5 e dan), une épreuve pratique constituée de 2 combats d'une minute trente environ avec 2 candidats différents, et d'une épreuve de kata où selon le grade présenté le candidat devra réaliser une partie ou la totalité des kata de kendo.

 

Le jury est constitué d'examinateurs dont le nombre (5 ou 7) et le grade (minimum 5 e dan) est fonction du grade présenté. Le grade est octroyé à la majorité des voix du jury.

 

Outre un âge minimum pour le premier dan, la condition principale pour présenter un grade est l'ancienneté dans le grade acquis. Cette ancienneté augmente avec le grade présenté. Il faut au minimum 2 ans à un 2 e dan qui vient d'obtenir son grade pour présenter le 3 e dan et 6 ans à un 6 e dan pour pouvoir présenter le 7 e dan. La durée minimum entre grades est divisée par 2 pour les candidats de plus de 60 ans.

 

 

bottom of page